Intervention de Antonio A. Casilli dans le cadre du Colloque « Vers une République des communs ? « 

Les études du « digital labor », le travail sous-rémunéré ou non-rémunéré réalisé par les utilisateurs de plateformes numériques, délimitent un domaine de recherche qui révolutionne les notions de participation, de production, de consommation. En dénonçant les architectures sociotechniques inégalitaires (algorithmes, interfaces, outils de traçage) qui encadrent la qualification et le partage de contenus et de données sur internet, cette approche vise à exposer la captation propriétaire de la valeur produite à partir de l’activité des usagers de services en ligne, en les articulant avec des formes de micro-travail à la tâche ou de « travail implicite ». En particulier, la récupération marchande des communs numériques pointe l’urgence de développer des nouvelles stratégies militantes pour réapproprier la valeur produite par les usagers et la redistribuer aux collectivités qui l’ont générée. Certaines mouvances, tel le « Platform cooperativism », proposent la création d’infrastructures inversées créées par les travailleurs/usagers mêmes afin de déjouer les logiques des géants d’internet. Dans cette intervention, nous nous efforcerons d’évaluer la compatibilité entre ces approches et la logique des commons en nous attardant sur deux questions: la gouvernance des plateformes numériques et l’appropriation collective des fruits du travail qui s’y déploie.

Antonio A. Casilli est maître de conférences à Telecom ParisTech et chercheur associé à l’EHESS. Ses recherches portent principalement sur les droits de la personne à l’heure du numérique (vie privée, travail, liberté d’expression, santé). Ses méthodes articulent enquêtes qualitatives et outils computationnels.
Publications
Le phénomène pro-ana, Presses des Mines, 2016 (avec P. Tubaro).
Qu’est-ce que le digital labor?, INA Éditions, 2015 (avec D. Cardon).
Against the Hypothesis of the End of Privacy, Springer, 2014 (avec P. Tubaro & Y. Sarabi).
Les liaisons numériques, Seuil, 2010.

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