Au service de la transition écologique et solidaire, une approche par les communs

Quelle contribution de La Coop des Communs ?

La Coop des Communs est persuadée que, parmi les diverses solutions qui visent à contribuer à la transition écologique et solidaire, une approche par les communs a son originalité et sa pertinence, avec le besoin de promouvoir :

  • des activateurs et accompagnateurs de communs de territoires,
  • des modèles d’économie sociale dans le numérique.

Elle a transmis une note, accompagnée de la contribution spécifique de Plateformes en Communs, à des réseaux proches, évoquant son souhait de déployer avec d’autres une capacité à créer de nouveaux cercles apprenants.

Texte complet ci-dessous

La crise provoquée par le Covid 19 place deux nécessités au cœur des solutions diversifiées pour aborder la transition écologique et solidaire, avec des modèles soutenables et pour vivre en paix demain. Elles ont trait toutes les deux à ce qu’il est devenu courant d’appeler « les communs », sans que les contours, la définition et surtout les chances de succès de ceux-ci soient bien identifiées. Les communs de territoires et les communs numériques montrent qu’il est loin de s’agir d’une simple théorie qui a valu à sa fondatrice le prix Nobel d’économie ou de vœux pieux pour des biens communs que finalement personne ne gouverne.

La crise nous oblige à repenser nos chaînes de production/répartition/consommation dans un nouveau rapport entre le local et le global d’une part, dans un rapport à la production de connaissances qui mette celle-ci au service de l’intérêt commun et pas des géants du numérique d’autre part. Le tout dans un dispositif d’innovations qui capitalise sur les potentiels humains au lieu de « disrupter » en détruisant.

Pour permettre l’émergence et le renforcement des initiatives et courants qui relèvent de cette dynamique des communs, grâce au soutien de la longue et complexe expérience de l’économie sociale et solidaire, dans l’espoir de favoriser la pérennisation du modèle d’organisation sociale, économique et culturelle qu’ils représentent ensemble, nous avons besoin de promouvoir :

  • des activateurs et accompagnateurs de communs de territoires, qui permettent l’émergence, et des solutions de coalition et d’intégration, d’initiatives locales mobilisatrices d’énergie à lucrativité maîtrisée, dans un rapport nouveau avec les collectivités publiques, au plan national et local ; ce qui suppose des outils de gestion et de partenariats originaux, plus diversifiés que la commande publique et les appels à projets ; une « approche par les communs » qui transcende les silos des politiques publiques, ainsi que les institutions « de l’ancien monde », pour aborder la complexe inter-disciplinarité de la transition écologique et solidaire ;
  • des modèles d’économie sociale dans le numérique, pour éviter le renforcement permanent des GAFA par nos projets d’ESS, notamment : des plateformes coopératives numériques, qui sont de véritables sources d’infrastructures au service des collectivités ; la promotion de logiciels et modèles open source nourries de principes de l’ESS, pour éviter à chacune de nos initiatives de nourrir le capitalisme numérique ; le soutien aux demandes pour l’adoption du principe open source pour tout ce qui est financé par les fonds publics ; le soutien à la recherche de solutions d’interopérabilité pour permettre la fédération de modèles décentralisés passant à l’échelle.

Ces solutions doivent être trouvées dans un contexte d’appauvrissement de l’Etat comme producteur et garant de biens communs et de « common dressing » qui camoufle sous le concept de communs des solutions dites « innovantes » tantôt de simple open source, tantôt de coopératives d’intérêt collectif, tantôt de « gouvernance démocratique », etc… Les communs désignent à la fois et conjointement une ressource, une distribution de droits, un système de gouvernance et un ensemble de pratiques génératives. Les « biens communs » ne deviennent des communs que lorsqu’ils sont gouvernés.

La Coop des Communs s’attache à savoir de quoi on parle quand on parle de communs, non pas pour la pureté de la démarche ou de promotion d’un modèle qui prévaudrait sur les autres, mais pour en rechercher les conditions d’émergence et de pérennité. Et aussi par conviction que, pour se sortir des biais cognitifs qui nous ont conduits à la situation actuelle et pour piloter notre futur incertain, décider à plusieurs est la seule solution. La méthodologie dynamique de résolution des problèmes complexes[1] que nous propose Ostrom prend plus que jamais son sens.

La Coop des Communs n’a aucune solution miracle, mais elle peut contribuer à libérer des énergies et des intelligences collectives au travers de :

  • ses groupes de travail existants, ouverts à celles et ceux qui sont intéressées à s’engager dans des analyses croisées de modèles, expérimentations, … pour en dégager des lignes d’action pérenne utiles à la transition : communs de services de proximité, plateformes numériques coopératives, agriculture et avenir du monde rural, communs et démocratie, communs de territoires, comptabilité ;
  • son souhait de déployer sa capacité avec d’autres à créer de nouveaux cercles apprenants, pour la transition écologique et solidaire, entre les acteurs institutionnels et les foyers d’innovation sociale, en mobilisant et rénovant les ressources organisationnelles de l’économie sociale et solidaire : groupes de co-développement, analyses de controverses, d’expériences..

Nos moyens sont modestes, mais nous pouvons mettre notre rigueur et notre volonté au service de partenariats fondés sur un principe de réciprocité qui permettent, nous l’espérons pour nous tous, de faire levier.

[1] Elinor Ostrom, Discours de Stockholm en réception du Nobel d’économie 2009, Préface de Benjamin Coriat, C&F Editions, janvier 2020.

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