Dans les années 1990, les biens publics mondiaux s’imposent comme nouveau vecteur de l’aide. Concept puissant pour évoquer les enjeux globaux, ils souffrent néanmoins d’une interprétation étroite de la logique de l’État-Nation héritée du Traité de Westphalie (1648) qui contraint une gouvernance mondiale et limite l’efficacité d’outils réglementaires et économiques s’imposant à l’ensemble des acteurs. C’est dans ce contexte que les communs prennent leur sens, comme prolongement et relève des biens publics mondiaux. À travers eux, les actions locales et régionales reviennent au centre de l’effort global, dans une approche polycentrique de la gouvernance des ressources, défendue par E. Ostrom. Ils introduisent une démarche positive vis-à-vis des enjeux globaux, axée sur les processus. Enfin, et surtout, les communs tirent leur force de leur ancrage local. En mettant en avant clairement un espace entre le marché et l’État dans la coordination des acteurs, à des échelles diverses, ils permettent de repenser les dispositifs de gouvernance, de trouver des compromis et des synergies entre ces différents modes et d’inventer des articulations originales. Définir les communs comme vecteur de l’aide pour une agence comme l’AFD peut avoir des implications opérationnelles et stratégiques fortes. Quel positionnement peut-elle tenir entre ne pas nuire, accompagner, transformer, renforcer, voire faire émerger des communs? Comment intégrer les modes de pensée que nous proposent les communs dans les processus opérationnels et stratégiques?
Stéphanie Leyronas est diplômée des Mines de Paris et obtient en 2000 un Master Sciences de l’environnement – spécialité pays en développement de l’INA-PG (AgroParisTech). Elle intègre l’Agence française de développement (AFD) en 2000 et est en charge pendant 9 ans de l’instruction et du suivi des programmes d’eau et d’assainissement financés par l’AFD dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Elle devient responsable adjointe de la division eau et assainissement de l’AFD en 2010 et rejoint le département de la recherche en septembre 2014 sur la thématique Gestion durable des ressources naturelles. Elle anime depuis 2015 un chantier de réflexion transversal à l’AFD sur l’articulation entre Communs et dynamiques de développement, associant programmes de recherche et projets opérationnels.