Infolettre #24

Edito :
FAIRE SOCIETE, AVEC LES COMMUNS, COMMENT ?

Les résultats des dernières élections ont affiché de façon criante la place de l’extrême droite. Nous sommes nombreux à ressentir que, si les forces « républicaines » ne se révèlent capables que de former des digues pour empêcher la prise de pouvoir, sans guérir les plaies et surtout prévenir les causes, la victoire du RN en sera d’autant plus favorisée dans un horizon proche.

En juillet, il nous a semblé urgent de tendre la main à l’ensemble des acteurs du front républicain. C’est le sens de la tribune parue dans Le Monde que La Coop des Communs a signée avec d’autres acteurs de la société civile.
La politique des partis nationaux n’est pas notre combat principal. A La Coop des Communs, nous défendons d’abord la pratique politique du quotidien par ceux et celles qui se sentent concernées par la forme de leur milieu de vie, qui ont encore l’envie de s’organiser pour tisser des liens et répondre collectivement à leur besoin, en s’appuyant sur des initiatives citoyennes auto-organisées et orientées vers l’intérêt général. Notre mot pour désigner cela est celui de « communs », dont nous affirmons la dimension politique.

Il n’est certes pas d’emblée en notre pouvoir de barrer la route ni aux multinationales capitalistes et aux pouvoirs financiers dont notre dette croissante nous rend de plus en plus dépendants, ni à l’autoritarisme technocratique et aux violences qu’il génère. Mais nous pouvons aider à retrouver de l’espoir, du pouvoir d’agir, lutter contre la bêtise et la confiscation du pouvoir « du peuple ». C’est pour nous le sens et le but de la pratique des communs au quotidien.

Aujourd’hui pourtant, ce mot est mobilisé par une foule de personnes aux idéologies contrastées : on voit revendiqués des communs de gauche, de droite, d’Etat, des communs « créés » pour répondre aux politiques publiques… Sommes-nous d’accord avec ces définitions ? Pouvons-nous nous satisfaire de cette ambiguïté ? Accepter que le terme de « communs » soit galvaudé ?

Nous pensons que cette ambiguïté doit être surmontée afin d’affirmer la radicalité de notre définition et des pratiques des communs que vise notre projet politique et associatif. Rendre les communs populaires, « adoptés par le plus grand nombre », rechercher les alliances qui feront advenir une « société de justice sociale et écologique » dont la décroissance serait l’horizon et la redirection le moyen. Pour cela, nous estimons que nous devons mieux prendre en compte les raisons du vote RN, mobiliser d’autres concepts et idées et engager des actions particulières.

Nous avons donc demandé l’avis des membres sur trois points :

  • Quelles sont selon vous les raisons du vote RN et en quoi cela concerne l’expression de notre projet et notre méthode de travail à La Coop des Communs ? Comment pensez- vous qu’il soit possible de redonner via une démarche de communs aux personnes la capacité à influer sur leur cadre de vie ?  

  • Quels concepts et idées ajouter à notre arsenal des communs ? Nous pensons par exemple à « décroissance », « redirection », « post-croissance » « alternative », « anti-capitalisme », « féminisme », « anti-racisme » « solidarité » …. Quel est votre avis ?

  • Quel programme d’action avec les communs engager pour répondre à la montée du RN ? Comment articuler nos actions existantes pour qu’elles répondent à cette question ? En faut-il d’autres ? Pour l’instant, nos différents chantiers peuvent être présentés comme suit :

    • Augmenter les pouvoirs d’agir depuis nos territoires : groupes de travail (GT) gouvernance territoriale et accès aux ressources naturelles, GT communs de proximité, GT Forêt et communs, accompagnement des maires ruraux,

    • Rendre légitime nos savoirs et construire des outils pour s’organiser : Alliances entre praticien·nes-chercheur·es, GT communs et comptabilité

    • Lutter contre les inégalités et les discriminations : GT Communs et Genre, Communs et Migration.

Vous pouvez toutes et tous répondre à ce texte via ce questionnaire. On en parlera à notre Assemblée générale.

Vie de l'association

📣  Assemblée générale de La Coop le 20 novembre 

A l’ordre du jour :
  • Faire société, avec les communs, comment : nous discuterons de vos réponses au texte de l’édito, les apports conceptuels à opérer et leurs conséquences sur notre programme d’action 
  • Suites de notre plan d’action de la dernière assemblée générale : nous partagerons nos avancées, notamment sur le travail d’analyse des productions des groupes de travail depuis la création de l’association grâce à un prototype d’IA générative, en vue de faire des « propositions de politiques en faveur des communs » comme les précédentes AG l’ont souhaité et sur une possible fonction « assembleur », sur les communs numériques. 

 

Courants les communs en France depuis 15 ans, la suite

La Coop des Communs a réuni une douzaine de personnes cet été pendant quelques jours à l’Hermitage pour partager leurs trajectoires et commencer à cartographier les courants des communs en France depuis une quinzaine d’années. Ces échanges les conduiront d’une part à mettre en forme une fresque historique et d’autre part à rédiger des fiches thématiques dans les mois à venir qui seront partagées en accès ouvert et pourront être débattues et enrichies.

Accompagnement du programme
« Démocratie, participation citoyenne et communs » de l’AFD (Agence Française de Développement)

La Coop des Communs accompagne la création d’une dynamique régionale au
Brésil et en Colombie autour des projets de recherche sélectionnés ainsi que
la capitalisation du programme de recherche-action.

 

Association des Maires Ruraux de France

La Coop des Communs accompagne l’Association des Maires ruraux (AMRF) dans la préparation de son Grand Atelier National 2024 sur le thème « Biens communs et aménités rurales ». Il aura lieu le 6 décembre au Hub des Territoires.
D’ici là, La Coop intervient dans un atelier du Congrès de l’AMRF le 27 septembre. La mission est menée avec Ecce Terra, avec la soutien de la Banque des Territoires.

MOOC sur les Communs

La Coop des Communs participe à la préfiguration d’un MOOC des communs.
👉  Si vous êtes intéressés par une participation active, prendre contact avec Bernard Brunet.

🗓️   A vos agendas !   🗓️

Interventions extérieures

30 août : Atelier « Les Communs comme avenir de l’écologie politique ? » à l’Université d’été des Verts  Voir le cahier de préparation de l’atelier
27 septembre : Conférence à Paris du réseau COST P-WILL:GENDERING PLATFORMS: LAW, REGULATIONS AND ALTERNATIVES
10 octobre : Participation à la table-ronde « Culture, Science, société et écologie : la recherche de nouvelles synergies » du Congrès de l’ADBU (Réseau des bibliothèques universitaires)

Nos partenaires 

25 septembre : Participation à l’atelier du GRET « Comment partager et préserver l’eau face aux changements climatiques
1 octobre : Participation du groupe Gouvernance Territoriale au colloque Savoir habiter la Terre et ses limites à Lille
3 octobre : Participation à l’anniversaire de la Fondation Crédit Coopératif

Nos groupes de travail en action

Groupe Comptabilité et Communs
La mission continue avec un soutien prolongé de la Fondation de France. Le groupe lance ainsi l’expérimentation de la méthode C.A.R.E. auprès du réseau des musiques actuelles d’Ile de France, le RIF, sur les capitaux humains. Le prochain comité de pilotage du groupe aura lieu le 17 octobre de 14h00 à 16h00, pour y présenter le plan d’actions 2024 – 2025, l’expérimentation du RIF, et le second rapport de capitalisation des expérimentations, qui paraîtra en octobre. En attendant, vous pouvez consulter la contribution du groupe « Qu’est ce qui compte et qu’est ce qui a de la valeur? Expérimenter la méthode de comptabilité socio environnementale C.A.R.E.«  publiée dans les cahiers d’éducation permanente de Smart Coop.
 
Groupe Communs et genre

Après deux rencontres au printemps pour prendre le temps de l’inter-connaissance et de dessiner des pistes de travail, le groupe reprendra les échanges cet automne. 

Communs et migrations
Suite aux échanges lors du séminaire Communs et migrations de mars dernier avec Fanélie Carrey-Conte de la Cimade et Stéphanie Leyronas de l’AFD, une journée d’étude est en préparation pour la mi-décembre. 

Gouvernance territoriale, accès aux ressources et pratiques du commun
La synthèse de la rencontre du 11 juin est en cours de finalisation. En attendant, vous pouvez toujours vous référer au livret de la rencontre qui présente notre problématique et les initiatives analysées.
Par ailleurs :
La Coop des Communs est associée à un projet coordonné par la Métropole européenne de Lille avec le Collectif des paysans urbains du Trichon à Roubaix. Ce projet intitulé ReVals, pour (RE)veal and (VA)lorize (L)ife of (S)oils, a été sélectionné dans le cadre du programme européen HuMUS sur la préservation des sols. Il fait suite à la participation de la métropole de Lille et de la ferme du Trichon aux travaux dans le cadre du groupe de travail Gouvernance territoriale et pratique du commun dans l’accès aux ressources naturelles.

Approche par les communs
Après de nombreux travaux (ACTTES, Communs et collectivités, accompagnement de l’AMRF, …) qui ont permis de nommer et caractériser ce que nous appelons désormais « l’approche par les communs », La Coop des Communs souhaite systématiser et approfondir ce que celle-ci implique, en s’intéressant aux avancées d’organisations partenaires (AFD, Gret).

Revue d’actualités

L’ouvrage Organisations alternatives des citoyennetés – Récits d’expériences émancipatrices est paru en juin dernier chez EMS Editions/In Quarto, sous la coordination éditoriale d’Amina Béji-Bécheur et Audrey Bonnemaizon, qui conduisent le programme de recherche OAC Nord-Sud. L’ouvrage partage notamment quinze récits analytiques, en France, Maroc et Tunisie,  sous quatre types d’approches :  Construire l’alternative, une question de bon sens / Agencer la participation citoyenne au service de l’alternative/ Agir dans les interstices des cadres institutionnels et les modifier / S’engager collectivement pour transformer l’écosystème.
Barbara Blin-Barrois y aborde en introduction la position du chercheur d’embarqué  « à bord de la recherche partenariale » et présente un instrument d’auto-questionnement en trois volets, destiné à outiller la pratique réflexive des chercheurs, équipe ou individu, dans l’action ; puis elle scrute le rôle du chercheur, tiers-interface et actant de la transformation. Vous pouvez retrouver le sommaire et commander l’ouvrage.

Un numéro Spécial sur les Communs coordonné par Hervé Defalvard Corinne Vercher-Chaptal, Philippe Eynaud et Clément Feger vient d’être publié par la Revue de l’Organisation Responsable (ROR) dont voici le sommaire

Sur les questions liées au numérique, l’ouvrage collectif Disruptive Digitalisation : Risks and Opportunities of the Great Transformation of Politics, Socio-Economic Models, Work and Education vient de paraitre chez Routledge coordonné par Corinne Vercher-Chaptal avec Mathias Bejean, Julienne Brabet et Edoardo Mollona.

Revus En Communs
Après son lancement en mai dernier, la revue EnCommuns publie en cette
rentrée trois nouveaux textes, qui mettent en lumière toute l’actualité et
la pertinence de l’approche par les communs.

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